Le jour où Monsieur Mot a rencontré Madame Image, ils ont refait le monde …
Dans ma tête, les mots et les images sont, très souvent, intimement liés. Ils s’assemblent, se complètent, se détruisent, jouent et se nouent à l’infini. J’aime construire ce tissage entre mot et image, un peu comme si, ni les mots seuls, ni les images seules ne pouvaient traduire ce fil narratif qui s’emmêle dans mes pensées. J’essaie de délimiter, de traduire l’indéfinissable, l’entre-deux. La narration est en quelque sorte ma façon d’appréhender et apprivoiser le monde. Je suis un chemin fragile et ténu, j’essaie de ne pas perdre sa trace qui serpente entre le rêve et le réel, le rire et les larmes, la douceur ronde et l’éclatement. Fébrilité, passion, peur, angoisse, tristesse, rire, impatience, plaisir du trait, de la matière, de la couleur, magie des mots, pouvoir des mots-images, mirages, rêverie, absence, temps suspendu, une virgule, la pluie, le lointain à inventer, le jeu, l’espièglerie, l’attente, le silence, voici l’inventaire incongru de ma création.
Il y a les livres lents, les doux, les bruyants, ceux qu’on relit, ceux qu’on a lu une seule fois et qu’on n’oublie pas. Chaque ouvrage a sa vie. Une fois relié, le livre s’envole. Volera t il loin ? Je l’espère car les histoires tentent d’être sans limites, mes images débordent des pages. Le livre est une invitation au voyage imaginaire, et chaque lecteur, quelque soit son âge, fera son voyage, unique /…/
J’aime jouer avec des formes graphiques, des perspectives absurdes. Je n’ai pas l’impression d’avoir un langage graphique spécialement enfantin. Mes imperfections en dessin seraient-elles une sorte de définition de l’humanité qui cherche toujours à aller plus loin, plus haut, avec toutes ses maladresses ?
Anne Herbauts / 2002
Variante pour Sous la montagne, éditions Casterman