Premier texte autobiographique d’un très grand illustrateur. Un souvenir d’enfance en forme de temps retrouvé avec des motifs très proustiens : les jeunes filles, l’enfance, la mère, la mémoire, … Les notes d’une comptine d’autrefois dans une cour de récréation qui font ressurgir à la fois « enchantement » et « informulable sensation de solitude ».
» Je savais bien que je n’avais aucune chance d’être accueilli dans la ronde! Je crois que si elles m’avaient demandé de venir les rejoindre je n’aurais pas voulu, ou pas osé ! Alors je me contentais de regarder les six ou sept grandes filles danser et chanter ensemble (…)
Quelles paroles ? Combien de couplets? Ma mémoire n’a voulu retenir qu’un refrain dans lequel se sont imprimées les images qui demeurent visibles, comme ça, avec les mots de ma comptine dont elles sont inséparables … Soudés ensemble. Mais pas n’importe comment! C’est dans une sorte de vive clarté que je les retrouve chaque fois, dans un disque de lumière où elles bougent à peine, un peu comme si elles évoluaient au centre d’un cercle lumineux, sur la piste d’un cirque baigné de nuit où seuls les habits éclatants des clowns scintillent …. » (P.8)