Pendant plusieurs années Elzbieta a accumulé – quasi quotidiennement- des centaines de dessins à la plume dans des carnets. Elle nommait ce travail « son Journal » . Ces dessins forment la base de toute l’oeuvre à venir ; c’est pourquoi il nous a paru important de les montrer, de les éditer, pour la plupart, rassemblés en un volume.
la technique que j’employais consistait à construire, au moyen de griffures d’encre, des couches plus ou moins profondes de fins grillages superposés. Il me semblait parfois, – car de ces griffures j’ai dû en accumuler des millions,- être un merle qui gratte la terre. D’autres fois c’était comme si j’accumulais des brindilles pour me construire un abri. Mes traits brûlaient le papier comme l’auraient faits des étincelles, des poussières incandescentes qui meurent durant l’instant qu’elles mettent à faire leur bref trajet. Peut-être est-ce pour cela que ces dessins ont la couleur des cendres ? /…/
Jusque là, je n’avais pas trouvé le fil d’Ariane de ma propre voie. Je n’étais pas encore installée dans ma propre mine. A partir du moment où j’ai accepté de n’avoir pas d’autre moyen que cette modeste façon d’agir, quand j’ai, en somme, converti en décision personnelle ce qui m’était imposé du dehors par mon impécuniosité, mon vrai travail a pu commencer. Ce n’était pas un acquiescement aussi clair que cela bien entendu. Ces choses-là vous arrivent, se font par errements obscurs avande de devenir des évidences /…/ Elzbieta